
À Kara, dans chaque coin de rue, une effervescence particulière trahit une période hors du commun. Ici, au cœur du pays kabyè, Évala ne se résume pas à un simple rite initiatique : c’est également une saison d’abondance pour l’économie locale.
Les klaxons se mêlent aux percussions traditionnelles, les rues débordent de visiteurs venus de Lomé, de Dapaong, de Kétao et d’ailleurs. La fièvre d’Évala est bien présente, palpable, vibrante. Mais derrière les démonstrations de force et les chants guerriers, une autre réalité s’anime : celle d’une économie de proximité, discrète mais vitale. Lomé Express est allé à la rencontre de celles et ceux pour qui cette période représente une véritable aubaine.
Afi, une commerçante de 48 ans, aligne avec soin ses étals garnis de bananes, d’arachides grillées et de beignets sucrés. Le sourire aux lèvres, elle confie : « C’est pendant Évala que je fais mon chiffre de l’année. Avec l’affluence, je vends en une journée ce que je vends en une semaine d’habitude. »
Un peu plus loin, un gérant d’hôtel nous livre sans détour la réalité de son établissement en cette période.
« Chaque année, nous attendons Évala comme une haute saison touristique. Nos chambres se remplissent, nos restaurants tournent à plein régime, et nous devons parfois refuser des clients, faute de place », a-t-il souligné.
Et cette dynamique ne s’arrête pas là. Les conducteurs de taxi-motos, appelés zémidjans, tirent eux aussi leur épingle du jeu. Kadanga, 29 ans, casque vissé sur la tête, résume la situation avec entrain.
« Pendant Évala, je fais trois fois plus de courses que d’habitude. Même la nuit, il y a du mouvement. Les gens veulent aller d’un quartier à l’autre, et les pourboires sont meilleurs », nous confie-t-il.
Le temps des festivités, Kara devient une ville où tradition et commerce s’entrelacent harmonieusement. Les échoppes d’alimentation ne désemplissent pas, et les vendeurs de boissons fraîches écoulent leurs stocks à une vitesse fulgurante.
Évala, bien au-delà d’un rite ancestral, s’est imposé comme un véritable levier de relance économique pour toute la région. Et chaque année, la machine se remet en marche avec la même intensité, pour le plus grand bonheur de ceux qui en vivent.
« On ne vient pas seulement pour voir les jeunes lutter. On vient aussi pour vendre, acheter, faire des affaires », conclut Afi.
Reportage – Par Lomé Express, depuis Kara