
L’annonce d’Alassane Dramane Ouattara, 83 ans, de briguer un quatrième mandat à l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre 2025, suscite de vives réactions en Côte d’Ivoire. Cette décision intervient dans un contexte de forte polarisation politique et relance le débat sur les limites constitutionnelles et la transition démocratique.
Un parcours marqué par la longévité et la controverse
Arrivé au pouvoir en 2011 après une crise post-électorale sanglante, Alassane Ouattara a été réélu en 2015 puis en 2020. Son troisième mandat, contesté à l’époque, s’était appuyé sur une interprétation controversée de la nouvelle Constitution promulguée en 2016. Aujourd’hui, sa volonté de rempiler pour un quatrième mandat fait figure, pour de nombreux observateurs, de provocation politique.
Cette nouvelle candidature s’inscrit dans un climat marqué par la méfiance et la lassitude d’une partie de l’opinion publique qui s’interroge sur l’alternance au sommet de l’État. À 83 ans, le président ivoirien donne le sentiment de s’accrocher au pouvoir, au mépris des aspirations de renouvellement exprimées par la jeunesse.
Une réaction ferme de Guillaume Soro
Guillaume Soro, ancien allié devenu opposant farouche, a aussitôt réagi à cette annonce. Dans une déclaration tranchante, il affirme : « Le simulacre de suspense orchestré ces dernières semaines n’aura trompé personne et surtout pas lui ». Il y voit une tentative déguisée de transgression de la Constitution, dénonçant une « mise en scène » visant à légitimer ce qu’il considère comme une candidature « injustifiable ».
Cette critique met en lumière les fractures persistantes au sein de la classe politique ivoirienne, notamment entre les anciens acteurs de la crise de 2010 et les nouvelles générations politiques en quête de place.
Une question d’alternance générationnelle
Le retour d’Ouattara en lice pose une question fondamentale : la Côte d’Ivoire manquerait-elle d’hommes et de femmes capables d’assumer les plus hautes responsabilités ? Cette perspective inquiète les analystes et une partie de la société civile, qui y voient un frein à l’émergence d’une nouvelle classe politique.
Dans un pays où la majorité de la population est jeune, la reconduction d’un octogénaire à la tête de l’État apparaît en décalage avec les exigences contemporaines de renouvellement et d’inclusion.
L’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat soulève des interrogations légitimes sur l’état de la démocratie en Côte d’Ivoire. Loin d’incarner une stabilité assumée, elle alimente plutôt les craintes d’un verrouillage du jeu politique. À l’heure où le pays a besoin de réconciliation et de régénération politique, cette décision risque de fragiliser davantage le climat socio-politique et de nourrir les tensions à l’approche du scrutin d’octobre 2025.