L’Église comme rempart face à la crise morale policière ?

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Face au discrédit croissant que suscite un récent scandale sexuel au sein de la police camerounaise, les autorités ont opté pour une réponse pour le moins singulière, mais hautement symbolique : le recours à la spiritualité. En conduisant les hauts gradés de la police à un office religieux, le Délégué général à la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguele, semble vouloir réconcilier commandement sécuritaire et exigence morale. Cette initiative interpelle et suscite une question de fond : et si l’Église représentait aujourd’hui une voie de réarmement moral pour les institutions en crise ?

Un geste spirituel à forte portée symbolique

En pleine tourmente, alors que trois policiers – dont un commissaire divisionnaire – ont été suspendus pour des actes indignes de leur fonction, la convocation des officiers supérieurs à la Basilique Mineure de Mvolyé revêt les traits d’un acte de pénitence collective. Ce n’est pas tant un simple moment de prière qu’une volonté affirmée d’exorciser le mal par la foi. L’Église, en ce sens, est convoquée comme un espace de régénération éthique et de prise de conscience. On parle même d’une « messe de prise de conscience, d’unicité, d’amour et de convivialité fraternelle », des termes qui traduisent un besoin urgent de réhumanisation de la fonction policière.

Le recours à Dieu comme ultime levier de discipline

Ce geste n’est pas anodin. Il intervient dans un contexte électoral tendu, où les forces de sécurité jouent un rôle stratégique. En appelant ses troupes à s’éloigner de toute tentation, Martin Mbarga Nguele invoque explicitement « l’esprit Saint » pour extirper les déviances internes. Ce choix de langage religieux marque un glissement intéressant : l’autorité ne s’appuie plus uniquement sur les mécanismes de la hiérarchie ou de la sanction, mais sur la puissance du sacré. La discipline est ainsi reconsidérée comme un acte de foi.

L’Église, nouvelle boussole pour la fonction publique ?

Plus qu’un simple refuge spirituel, l’institution ecclésiale est ici perçue comme un facteur de redressement moral. Dans une société où les repères s’effritent, le recours à l’Église pourrait indiquer une tentative de restauration des valeurs à travers un socle commun : la foi, la fraternité, et le sens du devoir. Ce type d’initiative soulève aussi une autre réflexion : la formation des agents publics gagnerait-elle à intégrer des dimensions éthiques et spirituelles ?

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