Au cœur de Yadè, la fièvre des Evala

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Le soleil a déjà gagné en intensité lorsque les premières vagues de spectateurs prennent place autour du terrain cantonal de Yadè. L’air est chargé d’attente. Dans les rangs des lutteurs, l’effervescence est palpable : aujourd’hui, se joue la finale. Rien ne sera laissé au hasard.

À 10h33, le Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, vient d’arriver. Sa présence transforme l’ambiance déjà électrique en véritable ferveur populaire. Des chants s’élèvent, les tambours redoublent de cadence, les femmes entonnent des cris de joie. Le Chef de l’État est accueilli avec chaleur par les lutteurs, leurs encadreurs, les notables du canton et la population entière, venue en nombre. Tous reconnaissent, dans cette visite, un signe de respect envers la tradition kabyè, que les Evala incarnent avec intensité.

Le sol semble vibrer au rythme des pas des jeunes athlètes. Deux camps s’observent : Yadè Haut en short blanc, Yadè Bas en vert. Les regards sont fermes, les muscles tendus, les gestes précis. Dès le premier affrontement, le ton est donné : chaque prise, chaque chute, chaque victoire est arrachée dans un combat à la fois rude et codifié. Le public retient son souffle, exulte, puis retombe dans une tension attentive. Match après match, Yadè Bas prend l’ascendant. À la fin des luttes, le décompte est sans appel : 29 victoires pour Yadè Bas contre 18 pour Yadè Haut. Les cris de joie éclatent, les chants redoublent, la victoire est célébrée dans la dignité et la fraternité.

Mais la journée ne s’est pas jouée qu’à Yadè. Un peu plus tôt, dans la matinée, le Président s’était déjà rendu sur les terres de Pya, assistant aux quarts de finale sur les sites de l’EPP Pya-Hodo, de LUMUSCO et de l’EPP Pya-Akéï. Là aussi, l’atmosphère était saisissante : alliances cantonales, chants de soutien, gestes rituels, chaque détail témoignait de l’âme profonde d’un peuple fier de ses racines.

À quelques kilomètres, dans le canton de Tchichao, la finale s’est conclue dans une ambiance aussi vibrante. Là encore, la tradition s’est imposée : les danses Evala ont ponctué la journée, portées par des chants ancestraux et une foule toujours plus engagée.

Les Evala continuent leur route. mercredi 23 juillet 2025, ce sera au tour de Bohou d’entrer dans l’arène. Les regards se tournent déjà vers les demi-finales prévues à Pya, Kouméa, Soumdina, Tcharè et Sarakawa, sans oublier les quarts de finale à Lama, Landa et Djamdè. Les combats se poursuivent, mais c’est une même histoire que tous racontent : celle d’une jeunesse en quête d’honneur, d’un peuple qui célèbre l’effort et le courage, d’un héritage vivant qui, chaque année, se réinvente au cœur de la terre kabyè.

 

 

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