CET : « Nous exhortons tous les acteurs à œuvrer ensemble pour l’unité…»

La Conférence des évêques du Togo (CET) a exprimé, ce lundi, ses profondes préoccupations face à la mutation institutionnelle opérée dans le pays. Le basculement officiel vers la Vᵉ République, intervenu le 3 mai dernier, s’est fait, selon les prélats, dans « un contexte de fortes crispations, de lourdeurs dans les cœurs, et de frustrations générales provoquées par des conditions de vies précaires des populations ».
Dans une déclaration antérieure datant de mars 2024, les évêques affirment avoir mis en garde les autorités contre les risques d’une révision constitutionnelle opérée sans l’assentiment explicite du peuple, détenteur de la souveraineté. Ils assurent également avoir, dans un esprit de responsabilité et de paix, exhorté le Président de la République à ne pas promulguer le nouveau texte fondamental, voté par une Assemblée nationale dont le mandat arrivait à terme.
« Hélas, ces appels n’ont pas été pris en compte », ont-ils regretté.
Les membres de la CET déplorent que cette transition républicaine ait été imposée sans un dialogue inclusif, ce qui, selon eux, a généré un climat de suspicion et de tension, menaçant dangereusement la stabilité nationale et le tissu social déjà fragilisé.
« Une conviction nous habite : le pays court un risque en couvant les frustrations; car une Nation ne se bâtit pas durablement sur le silence imposé, sur la peur suscitée et entretenue, sur le mépris de la voix de son peuple ou encore sur un entêtement à faire croire au Peuple, le contraire du vrai. Les peurs et les frustrations tues, se muent en actes désespérés, et les colères muettes deviennent des déflagrations imprévisibles », ont-ils écrit.
Conscients de la gravité de la situation, les évêques exhortent les gouvernants à faire preuve de lucidité en reconnaissant le malaise palpable qui ronge la société. Ils plaident pour une écoute attentive du peuple, et appellent à la mise en œuvre d’un processus d’apaisement reposant sur un dialogue véritable, honnête, ouvert à toutes les sensibilités et tourné vers l’intérêt commun.
En parallèle, les évêques saluent la retenue et la grandeur d’âme du peuple togolais, qui, malgré les difficultés, continue de manifester un sens élevé de la dignité et de la patience.
« Mais la résilience est loin d’être synonyme de résignation. Rappelons par ailleurs que la paix véritable ne peut se construire sans la justice, la vérité et un dialogue sincère. Nous exhortons tous les acteurs de la vie nationale politiques, société civile, forces de défense et de sécurité, confessions religieuses à œuvrer ensemble pour préserver l’unité, la paix et l’avenir de notre pays », ont-ils préconisé.
Enfin, les prélats en appellent à la ferveur spirituelle des fidèles catholiques, les invitant à intensifier leurs prières pour la paix, la justice et le respect des droits humains dans le cadre d’une neuvaine dédiée à la Pentecôte.
« Nous demandons de porter cette intention au cours de la neuvaine préparatoire à la Pentecôte, du vendredi 30 mai au samedi 07 juin 2025 », ont conclu les prélats.