Donatien Awoessoh : « La Jeunesse togolaise ne doit plus se tromper de combat »

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Dans cette tribune sans complaisance, Donatien Yawo Awoessoh, président du Youth Awareness Fellowship, s’adresse directement aux jeunes Togolais, appelant à la lucidité, à l’organisation et à l’action. Il dresse un constat amer des occasions manquées, mais ouvre aussi une voie : celle d’un sursaut citoyen, d’un engagement profond pour reconquérir les leviers de décision. Car, rappelle-t-il avec force, la démocratie n’est pas un spectacle à regarder depuis un écran, mais un combat quotidien à mener sur le terrain.

Voici l’intégralité de la tribune :

NOUS LAISSONS LE PLUS SOUVENT LA PROIE POUR L’OMBRE.

Mes chers frères et sœurs togolais, il est vraiment impérieux que nous nous arrêtions et que nous réfléchissions sur certains pas que nous posons.

Comment espérons-nous avoir des résultats différents si nos pas se ressemblent au fil des années ? En 2018, le boycott des législatives avec toutes ses causes (je ne veux pas parler des 8/8 de la CENI car il y a des élections qu’on ne boycotte pas).

En 2019, le faible engouement, résultat de 2018 où plusieurs avaient été déconseillés de faire leurs cartes d’électeurs.

Laissons 2020 où c’était une élection pour une seule place, la présidentielle. Parlons de 2024, le temps de renverser la vapeur, le moment de la modification constitutionnelle ; même si nous décrions le découpage électoral, il aurait été possible de gagner un certain nombre de sièges à l’Assemblée nationale pour constituer une minorité de blocage ou même avoir la moitié des sièges (91/2 ce n’est pas impossible quand la volonté et la mobilisation populaire y sont).

Nous avons encore écouté des vendeurs d’illusion dont l’objectif est seulement de laisser pérenniser le pouvoir en place pour surfer sur les frustrations des populations et gagner ce qu’ils ont toujours planifié sur le dos des populations.

Nous voilà en 2025, une étape très cruciale où les Togolais ont une chance inouïe de racler tous les leviers de gouvernance à la base et patatras, sortis de nulle part, des parvenus sur la scène politique qui ont eu comme mot d’ordre « diffamer ceux qui s’efforçaient avec leurs maigres moyens de tenir dans la sphère politique togolaise malgré les restrictions des libertés », présenter ces derniers comme des vendus aux yeux de l’opinion ; bref, détruire la classe politique de l’opposition, celle qui l’est réellement car nous connaissons bien ceux qui sont dans cette opposition qui, il faut l’avouer, est plurielle.

Les revendications des populations qui se sont exacerbées en cette année 2025 existaient depuis, et les partis politiques ainsi que les OSC menaient ce combat il y a longtemps ; donc ce n’était pas quelque chose de nouveau comme certains prétendent le brandir.

C’est avec le cœur meurtri que nous allons évoquer les dégâts causés par les récentes manifestations. C’est inadmissible de parler de mort d’homme quand il s’agit de populations civiles qui sortent manifester à main nue.

Que les âmes des concitoyens trépassés reposent en paix et que justice soit rendue pour apaiser les cœurs. Que la justice humaine fasse son boulot, mais indubitablement la justice divine ne ratera jamais les auteurs de ces actes.

À la jeune génération qui n’aurait peut-être pas connu les mouvements sur le campus universitaire de Lomé en 2010, qui n’aurait peut-être pas connu les marches des samedis de 2010 à 2014, qui n’aurait peut-être pas connu le 12 juin 2012, qui n’aurait peut-être pas connu les manifestations de 2017/18, de grâce, demandez et l’on vous expliquera, n’allez pas trop vite en besogne.

Ne vous laissez pas distraire sur internet. Nous avons toujours été dans la pédagogie à votre endroit et nous croyons que tout n’est pas encore perdu, vous pouvez retrouver le bon chemin.

Ne soyons pas toujours avides d’argent pour nous laisser manipuler par des gens qui ne respectent pas notre dignité. Prendre 2 ou 5 mille francs CFA pour avaliser une fraude ou pour trahir une lutte de libération est une ignominie.

Si les pères fondateurs du Togo l’avaient fait ainsi, on n’en serait pas là.

Nous connaissons les pays limitrophes que nous admirons ; leurs populations aiment s’informer, surtout sur la chose politique. Aucun pays ne peut se développer quand ses populations sont indifférentes en ce qui concerne la gestion des affaires de la Cité.

Je vous appelle maintenant à adhérer à des formations politiques, je vous appelle à adhérer à des associations pour apprendre plusieurs notions de vie communautaire et d’actions dans l’intérêt collectif.

Si nous ne faisons rien maintenant, les vis sont en train d’être serrées et il nous sera difficile de vivre au pays.

En tant que démocrates, le seul moyen pour prendre le ou les pouvoirs c’est les « Urnes », mais il faut une préparation et une organisation.

Quand on sème, on veille sur les semis pour éviter qu’ils ne soient détruits, cela en est de même pour les voix déposées dans les urnes.

C’est aux populations d’aider les politiques à veiller, et non à jeter l’opprobre sur eux qu’ils sont des incapables.

Ma voix est chère et je ne laisserai personne me la détourner, voilà ce qui aurait dû nous guider ; voilà le mot d’ordre que ceux-là qui avaient détourné vos attentions auraient dû vous dire s’ils vous aimaient réellement comme nous.

C’est une faute citoyenne que de dire : « Moi je ne fais pas la politique ». D’ailleurs, Aristote l’avait déjà dit au IVᵉ siècle avant J.-C. que l’homme est un animal politique.

Donc évitons les raccourcis pour fuir nos responsabilités.

En politique, celui qui veut prendre la place sera toujours dans une stratégie de diversion pour détourner ton attention, et c’est ce qui nous arrive le plus souvent à la veille de chaque élection, où il y a une situation qui fait planer le doute dans les esprits ; en ce temps, l’adversaire continue par ratisser large.

Allons-nous continuer par nous laisser distraire ?

Nous avons perdu pour un bon bout de temps la couche d’ozone démocratique qui atténuait les radiations sociales sur notre planète Togo, ceci à cause des gens qui pensaient bien faire en s’introduisant en politique pour noircir tous les efforts qui s’étaient consentis par une classe politique qui était dans la défense des populations.

Il aurait été plus intelligent et très patriotique que ceux qui jubilent aujourd’hui d’avoir réussi à démobiliser et démotiver les populations d’appeler plutôt en ces temps-là d’aller voter et prendre les pans de pouvoir pour ensuite poursuivre la contestation qui s’était ébranlée.

 

Aujourd’hui, quel est le résultat ? Qui peut oser être fier de ce qu’on a actuellement ?

Chère jeune génération, surtout vous sur internet qui avez dans la naïveté suivi ce mouvement, il est temps de rebrousser chemin et de faire face à la réalité, celle de se mettre à préparer une barricade psychologique sur les années à venir afin de renverser la vapeur au prochain tournant.

La veille citoyenne empêche toutes les fraudes dont nous accusons les gens d’en face. Mais tant que nous serons toujours à la maison ou derrière les smartphones pour contester, eux ils seront sur le terrain et vont s’installer envers et contre tous.

Il est temps que chacun s’engage véritablement.

Je suis conscient que plusieurs disent qu’ils sont fatigués. Mais allons-nous abdiquer ? Rester les bras croisés ? Que dirons-nous à notre progéniture ?

Vous concevez normal que dans le Grand Lomé, 2 personnes sur 10 soient les faiseurs de lois ? Ceci est arrivé à cause de l’indifférence et de l’abstention qui n’ont jamais payé.

Le cheval au galop réveille ceux qui dorment.

Nous avons toujours joué notre rôle d’éveilleur de conscience.

L’oreille qui écoute ne touche pas le sol.

Ne laissons pas la proie pour l’ombre.

 

Lomé, le 04/08/25

Par Donatien AWOESSOH, Chairman Youth Awareness Fellowship (Y-A-F)

MATDCT/Qt n°0102656 11/04/19 Enrg n°292

 

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