États-Unis, Chine, France : le regard critique des Togolais sur les grandes puissances

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Dans un contexte national en pleine transformation, la parole citoyenne devient un indicateur précieux de l’état de la société. C’est dans cette optique qu’Afrobarometer, en collaboration avec le Centre de Recherche et de Sondage d’Opinion (CROP), a conduit en novembre dernier une enquête d’opinion à travers le Togo. Les résultats révèlent des perceptions marquées concernant l’influence des puissances étrangères, ainsi que des préoccupations grandissantes face aux discriminations et violences liées au genre.

Il ressort de cette étude que la Chine et les États-Unis sont majoritairement perçus comme des acteurs exerçant une influence bénéfique sur le pays. À l’inverse, l’influence de la France suscite des réserves, notamment sur les plans politique et économique, où elle est jugée négativement par une proportion significative des personnes interrogées.

Les relations économiques avec la Chine, en particulier, sont reconnues comme ayant une incidence directe sur l’économie togolaise. Par ailleurs, les institutions régionales telles que la CEDEAO ou l’Union africaine jouissent d’une image globalement favorable auprès des citoyens.

L’étude s’intéresse également à un fléau sociétal profondément enraciné : les violences fondées sur le genre. Selon Hervé Akinocho, directeur du CROP, cette problématique reste au cœur des préoccupations, notamment dans les milieux éducatif et professionnel.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 10 % des répondants évoquent des cas de harcèlement ou de sollicitations à caractère sexuel visant de jeunes filles de la part d’enseignants. Près de 60 % estiment que certaines communautés continuent de s’opposer à l’implication des femmes dans les activités économiques. Dans l’espace public également, le harcèlement est perçu comme une réalité omniprésente.

En ce qui concerne l’accès à l’éducation, environ 40 % des personnes interrogées affirment que certains parents continuent de favoriser la scolarisation des garçons au détriment des filles, reproduisant ainsi des inégalités persistantes.

Même si une majorité des citoyens interrogés estime que les témoignages des victimes de violences sont généralement pris au sérieux, un tiers juge que les institutions étatiques, notamment la justice et les forces de l’ordre, n’en font pas suffisamment pour protéger les femmes et les jeunes filles. « Il y a une attente forte que les tribunaux et la police assument pleinement leur rôle dans la protection des droits des femmes », insiste Hervé Akinocho.

L’objectif de cette enquête, rappelle le directeur du CROP, est d’alimenter la réflexion des décideurs politiques, des chercheurs et des organisations de la société civile, en mettant en lumière des données ancrées dans la réalité quotidienne des Togolais.

D’autres volets de l’enquête viendront bientôt étoffer cette radiographie sociopolitique. Le précédent rapport s’était notamment penché sur les questions sécuritaires dans le nord du pays, le terrorisme et les dynamiques migratoires.

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