Sénégal : Vers une rupture entre Sonko et Diomaye ?

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Les récentes déclarations d’Ousmane Sonko, lors d’un conseil national du Pastef, ont jeté une lumière crue sur les tensions croissantes au sein du tandem exécutif qui dirige le Sénégal. En s’attaquant frontalement à la gouvernance de son allié, le président Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre expose au grand jour des divergences longtemps tues et relance une série d’interrogations sur l’équilibre réel du pouvoir dans ce duo né de la victoire électorale d’avril 2024.

Pourquoi un tel coup de tonnerre ? Pourquoi maintenant ? Sonko, d’ordinaire stratège et calculateur, n’a pas lancé ces piques au hasard. Il dénonce un « problème d’autorité », voire « d’absence d’autorité », et accuse le président de passivité face aux attaques répétées dont il est victime. « J’ai longtemps encaissé », a-t-il confié, laissant entendre que la coupe est pleine. Mais derrière cette exaspération, se profile une lutte plus large sur la répartition des responsabilités et le pilotage des réformes promises.

Cette sortie soulève une série de questions : les deux hommes, unis dans l’adversité avant l’élection, sont-ils aujourd’hui en désaccord sur la méthode, voire sur la finalité du projet présidentiel ? Les propos de Sonko — « s’il ne veut pas agir, qu’il me laisse faire » — sonnent comme une mise en demeure. L’ancien opposant radical, devenu chef du gouvernement, estime manifestement que ses marges d’action sont bridées, et n’exclut plus de se désolidariser.

L’origine de cette fissure pourrait remonter à leur pacte initial. Si Diomaye Faye a été porté à la présidence avec le soutien décisif de Sonko, resté inéligible, leur alliance s’est toujours fondée sur un équilibre instable. Le président, homme discret et méthodique, se veut garant des institutions. Sonko, lui, incarne la rupture radicale, la transformation par le choc.

Y a-t-il des antécédents ? Le style même des deux hommes trahit des différences de tempérament et de stratégie. L’un œuvre dans la retenue, l’autre dans la confrontation. Et à mesure que les défis de la gouvernance se multiplient — réforme de l’État, justice, lutte contre les intérêts établis — ces différences s’aiguisent.

Ce malaise au sommet, qui se voulait discret, est désormais assumé. L’opinion observe avec inquiétude les déchirements entre ces deux figures emblématiques du renouveau sénégalais. L’heure est aux clarifications : qui gouverne ? Qui décide ? Et surtout, que reste-t-il de l’unité affichée après la victoire populaire de 2024 ?

Le Sénégal, déjà sous pression économique et sociale, peut-il se permettre une guerre d’ego au sommet de l’État ? Voilà la question fondamentale.

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