Trafic illégal d’espèces sauvages : des dommages incalculables à la nature

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Des milliers d’espèces sauvages protégées mais aussi des plantes, sont victimes chaque année de braconnage et de trafic. Et, le continent africain est particulièrement touché par la criminalité faunique. 30 000 à 35 000 éléphants sont tués chaque année, sur une population qui compte 500 000 individus, et ce, en dépit du moratoire sur le commerce de l’ivoire adopté en 1989 par la CITES. Du coup, le trafic des espèces sauvages et le braconnage érodent la biodiversité et l’écosystème et ravages les populations clés d’espèces en voie de disparition ou au bord de l’extinction. Si rien n’est fait, la criminalité faunique engendrerait des conséquences désastreuses sur l’environnement.

En effet, plus de 4 000 espèces sauvages sont victimes de trafic chaque année et qu’environ un million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies, selon le rapport de mai 2024, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Aussi, le braconnage alimenté par une forte demande de cornes de rhinocéros a occasionné la destruction de 586 rhinocéros qui ont été tués en Afrique en 2023. Le nombre de rhinocéros blancs est passé de 15 942 en 2022 à 17 464 en 2023, mais le nombre de rhinocéros noirs et de rhinocéros indiens est resté le même, selon le rapport publié par l’International Rhino Foundation.

Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins, dont les requins, sont menacés. Les espèces d’insectes ont aussi diminué de 10%, ce qui constitue aussi une menace occasionnant la réduction de plus en plus du tissu vivant de la terre. De même, les populations d’éléphants de forêt du Bassin du Congo se sont effondrées de 62% principalement du fait du braconnage, de même que les populations de gorilles, notamment celles des gorilles des plaines de l’Ouest qui ont probablement déclinées de plus de 60% au cours des 25 dernières années.
Pour dire, l’extinction de nombreuses espèces telles que les orchidées, les plantes grasses, les reptiles, les poissons, les oiseaux et les mammifères, passe souvent inaperçu aux yeux du public. Pourtant, la criminalité liée aux espèces sauvages inflige des dommages incalculables à la nature et met en péril les moyens de subsistance, la santé publique, la bonne gouvernance et la capacité de notre planète à lutter contre le changement climatique, selon la Directrice exécutive de l’ONUDC, Ghada Waly. En plus le trafic d’espèces sauvages perturbe les écosystèmes et leur capacité à atténuer le changement climatique.

Le constat fait est que les réseaux criminels transnationaux interviennent à différents stades de la chaîne commerciale, y compris l’exportation, l’importation, le courtage, le stockage, l’élevage et la vente aux clients. Ils adaptent en permanence leurs méthodes et leurs itinéraires pour échapper à la détection et aux poursuites, en exploitant les lacunes de la réglementation et les faiblesses de l’application de la loi, a souligné le rapport de l’ONUDC.

Aussi, le commerce illégal des espèces sauvages n’est pas seulement dû au braconnage mais à des gangs criminels organisés transnationaux et dans certains cas, à des milices rebelles et à des éléments incontrôlés de l’armée. Les revenus tirés du commerce illicite des espèces sauvages placent celui-ci au 4ème rang des activités criminelles les plus lucratives, après le trafic de drogues, de contrefaçons et d’êtres humains. Parmi les espèces les plus convoitées, les pangolins, les éléphants pour leurs défenses en ivoire, les rhinocéros pour leurs cornes, mais aussi les tigres, les grands singes et les primates de façon générale, les oiseaux et les reptiles.

L’impact de cette criminalité est mondial, mais il est particulièrement aigu dans les pays en développement où des gouvernements manquant de ressources n’ont souvent pas la capacité de réglementer l’exploitation de leurs ressources naturelles.
En fait, la criminalité liée aux espèces sauvages comprend la prise, le commerce, l’importation, l’exportation, le traitement, la possession, l’obtention et la consommation de la flore et de la faune (animaux, oiseaux, poissons, plantes et arbres) en violation du droit national et international. Et, tous les pays doivent normalement traiter la criminalité liée à la faune et à la flore sauvages comme une infraction pénale grave, tout en garantissant de lourdes peines afin qu’elles puissent avoir un effet dissuasif.

La régulation du commerce des espèces CITES est essentielle pour protéger les espèces menacées et préserver la biodiversité mondiale. Cette régulation s’effectue par l’établissement de quotas, l’exigence de permis et la surveillance des transactions. Les permis d’exportation et d’importation, délivrés par les Autorités de Gestion et Scientifiques nationales, garantissent un commerce légal, traçable et durable.

Le commerce illégal des espèces sauvages est aujourd’hui clairement intégré dans les orientations à long terme et à court terme pour la mise en œuvre de la CITES. Les orientations à long terme doivent être en adéquation avec l’application de la Convention et lutte contre la fraude. Les mesures pour lutter contre le commerce illégal de l’ivoire, de la corme de rhinocéros, les grands félins d’Asie, les guépards, les antilopes du Tibet, lespangolins, les reptiles et les tortues entre autres doivent être suivies des actions collectives.
Selon TRAFFIC, l’Afrique représente en outre 19 % des saisies mondiales de produits de faunes provenant du braconnage. Aussi, les braconniers ont une influence sur les administrations publiques et les systèmes judiciaires, ou ils ont recours à la corruption.

Selon Ofir Drori, initiateur du réseau anti crimes faunique EAGLE, il suffit que les organisations de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages sortent des bureaux pour enquêter, afin d’envoyer les criminels en prison pour les dissuader et d’ajouter que la lutte contre la corruption n’est pas quelque chose d’impossible à anéantir. « Le réseau EAGLE a réussi à envoyer plus de 3 000 personnes en prison à travers le monde pour crimes à la faune. Il soutient en outre que les gouvernements ne sont pas toujours efficaces pour lutter seuls contre la corruption et il faut une tierce instance. Il est plutôt rare que des actions judiciaires soient menées contre des personnalités haut placées impliquées dans les crimes fauniques. », a-t-il souligné.

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