Quand les USA réorganisent leur Soft Power : Ce que cache la mise en pause de VOA

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L’annonce de la mise en congé administratif du personnel de Voice of America (VOA) et d’autres médias financés par les États-Unis, comme Radio Free Europe et Radio Free Asia, a été officiellement justifiée par des raisons budgétaires. Selon l’administration Trump, ces médias coûteraient trop cher et auraient perdu leur influence. Cet argument, soutenu par des figures influentes comme Elon Musk, ne tient cependant pas lorsqu’on analyse l’histoire et le rôle stratégique de ces réseaux.

Depuis la guerre froide, les États-Unis ont utilisé des médias comme Radio Free Europe pour influencer l’opinion publique dans les pays de l’Est et en Asie. Ces médias n’ont jamais été de simples organes d’information neutres, mais bien des outils de guerre idéologique financés par le gouvernement américain. Leur mission principale était de contrer l’influence soviétique en diffusant des contenus alignés sur la vision américaine de la démocratie et du libéralisme. Aujourd’hui encore, ces médias restent des leviers de soft power pour les États-Unis. La décision soudaine de suspendre leurs financements ne peut donc pas être réduite à un simple calcul financier, surtout quand on sait qu’ils ont été maintenus pendant des décennies, bien après la fin de la guerre froide.

Une restructuration médiatique au service de nouveaux intérêts politiques

L’arrivée de Kari Lake, une proche alliée de Donald Trump, au sein de l’US Agency for Global Media (USAGM) montre que cette mise en pause est en réalité une stratégie politique. Il ne s’agit pas d’un arrêt définitif de la propagande médiatique américaine, mais plutôt d’une réorientation stratégique. L’administration Trump cherche à restructurer ces outils pour mieux servir ses propres intérêts et affaiblir les médias jugés hostiles à son projet politique.

En supprimant les contrats avec des agences de presse comme l’AFP, Reuters et Associated Press, Trump envoie un message clair. Il veut reprendre le contrôle du narratif médiatique international. Cette décision s’inscrit dans une logique plus large de remise en question de l’ordre médiatique mondial, que Trump et ses partisans estiment biaisé contre eux. L’actuel président américain a toujours dénoncé ce qu’il appelle les « fake news » et considère que de nombreux médias occidentaux ont été instrumentalisés contre lui lors de son premier mandat.

Trump, en stratège, comprend que la bataille politique ne se joue pas seulement dans les urnes mais aussi dans l’arène médiatique. Il sait que les médias, s’ils ne sont pas sous contrôle, peuvent se retourner contre lui et influencer négativement sa vision politique. Cette décision sur VOA et d’autres médias américains pourrait donc être une tentative de rééquilibrage, voire une contre-attaque face à des médias qu’il accuse de propagande contre lui.

Les médias occidentaux : Armes d’Influence au Service des gouvernements

Ce que cette situation révèle, c’est que les médias occidentaux, souvent présentés comme des symboles de liberté d’expression et de démocratie, sont en réalité des instruments de pouvoir. Depuis des décennies, Radio Free Europe, VOA et Radio Free Asia ont été financés pour défendre les intérêts stratégiques américains sous couvert d’information libre et indépendante. Ces médias ont été utilisés pour influencer les élections, affaiblir des gouvernements jugés hostiles aux États-Unis et façonner l’opinion publique à travers des récits soigneusement élaborés.

Aujourd’hui, alors que la scène géopolitique évolue, l’administration Trump semble vouloir remodeler cette influence à son avantage. La mise en pause de VOA ne signifie pas que les États-Unis renoncent à la guerre médiatique, mais qu’ils cherchent à la redéfinir sous un nouveau format, plus aligné avec la vision politique de Trump.

L’Afrique doit se réveiller face à la manipulation médiatique

L’Afrique, et le Togo en particulier, doivent tirer des leçons de cette situation. Trop souvent, les médias internationaux comme RFI, la BBC et VOA ont été utilisés pour influencer les choix politiques et économiques des pays africains. Ces médias ne sont pas au service de la vérité mais bien des intérêts des États et des groupes qui les financent.

Chaque fois qu’un média international critique un gouvernement africain, il est essentiel de se poser les bonnes questions : Qui bénéficie de cette critique ? Quel agenda se cache derrière ces reportages ? L’histoire a montré que lorsque ces médias défendent un leader africain, c’est généralement parce qu’il est aligné sur les intérêts occidentaux. En revanche, lorsqu’ils attaquent un dirigeant, c’est souvent parce qu’il représente une menace pour ces mêmes intérêts.

Face à cette réalité, il est important pour les Africains de ne pas prendre ces médias pour des sources d’information objectives. Il est temps de développer des plateformes locales indépendantes, capables de relater les faits sans être influencées par des agendas étrangers.

Une nouvelle stratégie d’Influence en cours

La mise en congé administratif du personnel de VOA n’est pas un simple problème budgétaire, mais une transition stratégique. Trump, fidèle à son style direct et sans langue de bois, veut réorienter la propagande américaine pour qu’elle serve mieux ses intérêts et ne soit plus un instrument contre lui.

Pour l’Afrique, cet épisode est une nouvelle preuve que l’information est un champ de bataille géopolitique. Les peuples africains doivent se libérer de cette influence médiatique et construire leurs propres narratifs, en misant sur des médias indépendants et souverains.

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