MIATO 2025 : la protection des œuvres artisanales au cœur des débats

À l’occasion de la quatrième édition du Marché International de l’Artisanat du Togo (MIATO), ouverte le 24 avril 2025, un panel de réflexion s’est tenu le lundi 28 avril dans les locaux du CETEF-Lomé. Placée sous le thème : « Protection des œuvres artisanales dans le contexte de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) : Enjeux et défis », cette table ronde, modérée par le Dr Damparou B. Hary, cadre à la Direction du Secteur de l’UEMOA, a rassemblé quatre experts reconnus. Les discussions ont porté sur les menaces que représente ce vaste marché continental pour les productions artisanales non protégées.
Le Dr Hary a souligné avec vigueur que : « La ZLECAf représente un marché unifié où la concurrence est rude, et c’est pourquoi il est crucial pour les artisans de protéger leurs œuvres avant d’y accéder. La protection offre un avantage compétitif en empêchant les contrefaçons et en assurant aux créateurs de bénéficier pleinement des fruits de leur travail. » Il a en outre salué l’engagement des autorités togolaises dans l’organisation d’un tel espace d’échange, propice à la valorisation du savoir-faire local.
Parmi les intervenants, Komla EDJIDOMELE, directeur général du BUTODRA, a partagé des éclairages pertinents sur « les mécanismes de protection des œuvres artistiques au Togo ». De son côté, la directrice par intérim de l’Institut national de la propriété industrielle a explicité « les dessins, les marques et la protection industrielle et technologique ». Le directeur du commerce extérieur a, quant à lui, développé « les procédures liées au certificat d’origine dans le cadre de la ZLECAf », un dispositif essentiel pour garantir l’authenticité et la traçabilité des produits artisanaux sur le marché africain.
Le représentant du Burkina Faso, pays invité d’honneur, a apporté une dimension régionale aux échanges. Il a mis en lumière les efforts de son pays en matière de labellisation, citant notamment le « chapeau de Saponé et du Faso Dan Fani ». À travers ces exemples, il a souligné « l’importance de la labellisation comme outil de valorisation et de protection des produits artisanaux », soulignant une démarche déjà consolidée au Burkina Faso.
Tchanico Adja, cadre à l’Institut national de la propriété industrielle, a rappelé avec clarté que : « La ZLECAf est une opportunité pour nos artisans. Elle permet de présenter leurs produits sur un vaste marché, mais elle expose également à la concurrence et à la contrefaçon. Il faut donc protéger ses œuvres pour pouvoir se défendre en cas de litige et obtenir un retour sur investissement. Les œuvres artisanales peuvent être protégées par différents systèmes : le brevet, les dessins et modèles industriels ou encore la marque qui permet de distinguer un produit des autres sur le marché. »
Par ailleurs, la question du financement a été identifiée comme un levier indispensable pour soutenir les artisans dans leur démarche de sécurisation de leurs créations. À ce sujet, Dr Hary a plaidé : « Il est nécessaire que les États mettent en place des stratégies de soutien financier adaptées pour accompagner les artisans dans la protection et la commercialisation de leurs produits. » Une recommandation saluée par l’audience, venue en nombre pour assister aux débats.
Enfin, le témoignage de l’artisane Karbour Esther illustre la portée de ces échanges : « En tant qu’artisane, je viens de comprendre ce qu’est une marque et un logo. Aujourd’hui, je comprends que protéger ma créativité est essentiel pour pouvoir en bénéficier partout dans le monde. » Des propos qui traduisent l’impact concret de cette rencontre sur les participants, désormais mieux armés pour faire face aux exigences de la ZLECAf.
Ce panel au MIATO 2025 aura permis de mettre en exergue l’urgence pour les artisans togolais de s’approprier les outils juridiques de protection de leurs œuvres dans un contexte d’intégration économique continentale. Face à la montée en puissance de la ZLECAf, l’anticipation et la structuration apparaissent comme les clés de la pérennité et de la valorisation du patrimoine artisanal africain.