Togo : l’opposition s’oppose à la mise en place de la Ve République

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Au lendemain d’un tournant institutionnel majeur, une frange significative de la classe politique et des acteurs de la société civile se sont réunis à Lomé pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « haute trahison de la Patrie ». La récente investiture de Faure Gnassingbé à la tête du Conseil des ministres, sans recours au suffrage universel, cristallise les critiques. L’élection parlementaire de Jean-Lucien Savi de Tové à la présidence de la République, désormais réduite à une fonction honorifique, est également perçue comme une formalité dépourvue de légitimité démocratique.

Dans une déclaration commune, l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces démocratiques pour la République (FDR) et le mouvement citoyen Novation Internationale fustigent ce qu’ils estiment être une instrumentalisation des institutions pour consolider un pouvoir personnel. Leurs mots sont sans équivoque : « Le parachèvement du coup de force constitutionnel et institutionnel du 03 mai demeure une haute trahison de la Patrie ».

Ce qui suscite une vive indignation, c’est la manière dont Faure Gnassingbé, chef de l’État depuis 2005, a été propulsé à la tête du pouvoir exécutif sans passer par les urnes. Une telle nomination, orchestrée par le parti au pouvoir UNIR, est perçue comme une manœuvre visant à renforcer une domination sans partage, en écartant tout mécanisme électoral légitime.

Quant à Jean-Lucien Savi de Tové, son accession à une présidence strictement symbolique, à l’âge de 86 ans, ne convainc guère. Pour les opposants, cette mise en scène n’a pour but que de masquer l’accaparement du pouvoir par une seule personne. Ils considèrent qu’avec la Ve République, le Togo est entré dans une ère où les apparences démocratiques masquent une réalité bien plus inquiétante : « cette mise en scène parlementaire » ne servirait qu’à légitimer une prise de contrôle unilatérale.

Le ton se durcit dans la déclaration : « Le processus n’est ni légal, ni légitime. Il procède d’un hold-up institutionnel ». Les signataires dénoncent ce qu’ils perçoivent comme un recul démocratique sans précédent et une atteinte grave à la souveraineté populaire. Ils rappellent que la nouvelle Constitution, adoptée en mai 2024 sans référendum, fut rejetée par une grande partie de la population.

Dans un appel solennel à la mobilisation, les figures de l’opposition Jean-Pierre Fabre, Paul Dodji Apevon et les représentants de Novation Internationale exhortent toutes les couches de la société à s’unir contre ce qu’ils désignent comme un « crime contre la Nation ». En s’appuyant sur l’article 150 de la Constitution de 1992, désormais caduque, ils invoquent le droit du peuple à résister à toute forme de coup de force.

L’espoir d’un renouveau démocratique n’est pas éteint. « L’histoire a prouvé que seules les mobilisations populaires cohérentes, denses et soutenues construisent les grandes victoires démocratiques », affirment les opposants, déterminés à ne pas laisser le pays sombrer dans un régime sans contre-pouvoirs.

Pour finir, le message est limpide : « Le Togo ne peut continuer à être l’otage d’un système qui nie la justice, la liberté et la souveraineté populaire ». Un cri du cœur pour une refondation nationale, fondée sur les principes de liberté, de transparence et de justice.

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