ANC : Entre boycott et participation, une stratégie qui sème le doute

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L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), le parti de Jean-Pierre Fabre, semble être en pleine contradiction stratégique. Après avoir refusé de siéger à l’Assemblée nationale et boycotté les récentes élections sénatoriales du 15 février, voilà que le parti à la couleur orange annonce sa participation aux prochaines élections municipales. Une posture pour le moins paradoxale, que Me Isabelle Améganvi, Vice-présidente du parti elle-même peine à justifier sans tomber dans des explications alambiquées.

Un parti qui rejette mais qui participe quand même

D’un côté, l’ANC conteste la légitimité du Parlement issu de la 5ᵉ République et refuse de s’y asseoir. De l’autre, il souhaite briguer de nouveaux mandats municipaux sous ce même régime qu’il rejette avec véhémence. Une contradiction flagrante qui soulève une question essentielle : sous quelle légalité l’ANC entend-elle se présenter aux municipales ? Si le cadre institutionnel actuel est illégitime pour siéger au Parlement et participer aux sénatoriales, pourquoi serait-il soudainement légitime pour gérer des communes ?

Me Isabelle Améganvi tente d’expliquer ce choix par le travail accompli par l’ANC au sein des municipalités qu’elle administre depuis 2019. Mais cette justification sonne creux. Si l’ANC reconnaît le bien-fondé de son action municipale sous ce régime politique, pourquoi rejette-t-elle les autres institutions républicaines ?

De coq à l’âne : une ligne politique brouillonne

Cette stratégie d’alternance entre boycott et participation n’est pas nouvelle chez l’ANC. À plusieurs reprises, le parti a oscillé entre engagement et retrait, au gré des circonstances. Une attitude qui fragilise sa crédibilité et son message politique. À force de refuser certaines élections tout en acceptant d’autres, le parti donne l’impression de naviguer à vue, sans ligne directrice claire.

Une opposition forte et cohérente est essentielle pour toute démocratie. Mais encore faut-il qu’elle adopte une posture intelligible pour ses électeurs. En choisissant de siéger au niveau municipal tout en rejetant le cadre législatif et institutionnel national, l’ANC envoie un message confus et alimente les critiques sur son manque de constance.

Vers une refonte de la stratégie ou une impasse ?

L’ANC doit clarifier sa position : accepte-t-elle de jouer le jeu politique sous le régime actuel ou le rejette-t-elle en bloc ? Continuer à jongler entre acceptation et refus ne peut que renforcer les doutes sur sa stratégie et réduire sa capacité à peser dans l’opposition. L’heure est venue pour Jean-Pierre Fabre et son parti d’assumer une ligne politique cohérente, sous peine de voir leur crédibilité s’effriter davantage.

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