King Mensah : « La colère d’Aamron est celle de tout un peuple »

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Face à l’arrestation du jeune artiste togolais Aamron, King Papavi Mensah, figure emblématique de la scène musicale nationale, sort de son silence. Dans une déclaration poignante, il exprime son soutien et dresse un constat sans concession sur le malaise social qui ronge le pays.

Longtemps resté discret malgré l’agitation médiatique entourant l’interpellation de Tchala Essowe Narcisse, plus connu sous son nom d’artiste Aamron, King Papavi Mensah, voix iconique de la musique togolaise, a finalement pris la parole. Critiqué pour son mutisme, d’autant plus notable après leur récente collaboration musicale, il a rompu le silence à travers une interview relayée sur les réseaux sociaux.

Dans cet entretien, dont certains extraits ont été largement diffusés, l’artiste au parcours de plus de trois décennies a tenu à manifester son soutien à Aamron, arrêté pour ses récentes prises de position critiques à l’encontre du pouvoir.

« Je ne reste pas souvent sur le réseau social TikTok, mais récemment avec les échos qui me parviennent, j’ai décidé d’y aller pour voir concrètement ce qui s’est passé avec Aamron. J’ai fait une collaboration avec Aamron il y a de cela 6 mois, je dirais. Et lorsque j’ai fouillé en profondeur tout ce qui s’est passé et tout ce qu’il a dit, j’ai compris une chose à ma manière et cette chose, c’est qu’Aamron est très en colère. Cependant, Aamron n’est pas le seul à être en colère. Beaucoup de personnes sont en colère, même moi qui suis ici, je suis en colère et si je dis le contraire, c’est que j’ai menti », a déclaré en langue mina le célèbre chanteur togolais.

Poursuivant son propos, King Papavi Mensah a contextualisé cette colère collective, estimant qu’elle traduit une détresse généralisée face aux réalités sociales et politiques du Togo.

« Je ne suis pas en colère contre quelqu’un, mais je suis en colère par rapport à comment les choses se passent dans le pays. Ce n’est pas normal. Je dis souvent que la colère, c’est comme l’ivresse. Certains, quand ils sont ivres, ils se mettent à faire des palabres avec tout le monde. Mais d’autres, lorsqu’ils sont ivres, ils vont directement dormir. Dans le cas d’Aamron, je me dis que c’est sa colère qui s’est extériorisée. Il n’a pas pu se retenir. Mais j’insiste sur le fait que la colère d’Aamron nous anime tous. Certainement que ceux qui nous gouvernent aussi sont en colère et au même moment, nous qui sommes gouvernés, nous sommes aussi en colère même si ce n’est pas pour la même raison. Notre colère à nous, c’est autre chose. Depuis que je suis né, je ne connais qu’un seul opposant au Togo et c’est la pauvreté. Si on vous donne un pays à gouverner, votre premier combat doit être la lutte contre la pauvreté. Si vous parvenez à éloigner la pauvreté, ce sont les populations elles-mêmes qui vont vous applaudir », a-t-il fait savoir.

L’artiste a également pointé du doigt la précarité croissante qui frappe la jeunesse togolaise, évoquant notamment le sort de nombreux diplômés contraints d’abandonner leurs ambitions pour devenir conducteurs de taxi-motos, faute d’opportunités professionnelles.

« Ce qui fait mal, c’est que lorsque tu es né, tes parents investissent sur toi pour que tu deviennes quelqu’un demain, mais un beau jour, tu n’arrives pas à leur rendre la pareille et tu es obligé de retourner chez eux pour demander de l’argent, on ne peut qu’être en colère », a-t-il martelé, toujours en langue locale.

Pour l’heure, aucune déclaration officielle n’a été faite par les autorités compétentes pour justifier l’arrestation d’Aamron, nourrissant davantage l’indignation et l’incompréhension au sein de la population.

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